Un acronyme simple pour un concept éprouvé depuis plusieurs décénies chez nos voisins anglo-saxons, celui du “bead and breakfast“. La chaîne d’hôtellerie du même nom n’en les origines, puisqu’elle a vu le jour en 1990, en France sous l’impulsion du breton François Branellec et de son réseau d’hôtels Sofibra -renommé depuis Oceania Hotels. En se lançant dans l’aventure avec deux établissements, à Brest et à Saint-Malo, l’homme a commencé à implanter ses étendards B&B Hôtels dans sa région natale, avec un appétit certain pour la croissance interne. Qui l’a amené par la suite à se développer dans le reste de l’Hexagone, puis en Allemagne, dès 1998. Mais la stratégie de croissance de B&B Hôtels n’a pris toute son ampleur qu’au moment de sa prise d’indépendance, en 2003. A cette date, l’enseigne fut reprise par Duke Street Capital, qui s’est associé à Georges Sampeur, intronisé à la tête du réseau hôtelier composé d’une centaine d’établissements en France et de huit outre-Rhin à ce moment-là. “L’objectif était alors de rénover l’ensemble de notre parc, pour proposer à nos clients des chambres 1 ou 2 étoiles, économiques mais de qualité. Pour accompagner ce mouvement, la marques s’est également dotée d’une nouvelle identité visuelle“, se remémore son homme fort. Avec son concept “éconochic“, B&B Hôtels s’offre alors un beau lifting dont le pouvoir de séduction ne laisse pas indifférent. Deux ans seulement après son premier LBO, elle fait tomber dans ses filets Eurazeo et Montefiore Investment, qui la valorisent 383 M€ – contre près de 210 M€, lors du rachat conclu en 2003. “Ce changement actionnariat n’a pas été anodin. Eurazeo m’a fait part de sa volonté de mener des opérations de croissance externe“, remarque le dirigeant. Une aubaine qui l’a amené, fin 2006, à racheter de gré à gré son homologue dijonnais Villages Hôtel. Et ainsi à compléter son maillage territorial, en absorbant plus de 60 établissements et un chiffre d’affaires 2005 de 43 M€.
Transformante, l’acquisition se voulait aussi originale dans son financement. “Pour la signer, nous avons souscrit un emprunt bancaire avec un remboursement in fine. Que nous avons remboursé un an plus tard, en revendant les murs de nos 159 hôtels à ANF Immobilier, la filiale d’Eurazeo“, détaille Georges Sampleur. L’acquéreur – détenteurde baux« triple net » [NDLR: l’ensemble des charges est supporté par le locataire] d’une durée de douze années fermes – a depuis revendu son portefeuille pour 477 M€ à La Foncière des Murs, Crédit Agricole Assurances et Assurances du Crédit Mutuel, en novembre 2012. In fine, l’ère Eurazeo/Montefiore Investment a permis à la chaîne d’hôtels brestoise def aire bondir son chiffre d’affaires de 80 MC, en 2005, à 204,9 MC, cinq ans plus tard.
Un changement de dimension qui a conduit à un remaniement de son tour de table, fin 2010. Pour son LBO tertiaire, évalué à 485 M€, B&B Hôtels a signé avec Carlyle, tout en conservant l’appui de Montefiore Investment. Avec un objectif clair: poursuivre la dynamique insufflée par l’intégration de Village Hôtels et accélérer le développement de la chaîne dans les pays européens à fort potentiel. Pour cela, elle s’est ouverte à la franchise, dès 2011. Elle vise une dizaine d’ouvertures de ce type par an, sur des marchés comme le Portugal, le Maroc et peut être bientôt la Suisse et lesPays-Bas.“Le développement en propre reste toute fois notre priorité, avec un focus sur l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Pologne“, confie Georges Sampeur. Brique après brique, la chaîne hôtelière bretonne assure la construction de son édifice européen… Dans l’attente d’une taille critique qui lui ouvrira la voie à d’autres continents.